
Prise de masse musculaire en régime végétarien : mythe ?
La question de la prise de masse musculaire sous un régime végétarien n’est pas récente. Beaucoup de personnes se demandent s’il est réellement possible de bâtir une musculature solide sans consommer de protéines animales. Au fil des années et grâce à de nombreuses études, on a pu constater que le régime végétarien n’est pas synonyme de manque de nutriments, ni d’impossibilité de développement musculaire. Dans cet article, nous allons décortiquer les mécanismes de la prise de masse, discuter du rôle des protéines, présenter des options végétariennes pertinentes et proposer des conseils pour optimiser sa progression.
Comprendre la prise de masse musculaire
Les bases de la croissance musculaire
Pour comprendre pourquoi un régime végétarien peut convenir à une prise de masse musculaire, examinons d’abord ce qu’est la croissance musculaire. Elle repose principalement sur:
- Un entraînement adapté (musculation, exercices de résistance, HIIT, etc.) qui provoque des micro-déchirures musculaires.
- Une alimentation adéquate afin de permettre la réparation et la croissance des fibres musculaires.
- Un repos suffisant et une gestion du stress pour permettre au corps de récupérer efficacement.
Lorsqu’on parle de “prise de masse musculaire”, on fait référence à un état anabolique du corps où les apports nutritionnels sont légèrement supérieurs aux dépenses, afin de permettre au muscle de se reconstruire et de croître. Les protéines jouent évidemment un rôle primordial, car elles fournissent les acides aminés nécessaires à la synthèse musculaire.
Pourquoi tant d’attention sur les protéines?
Les protéines, qu’elles soient d’origine végétale ou animale, sont composées d’acides aminés. Parmi ces acides aminés, on trouve les acides aminés essentiels. Le corps ne sait pas les fabriquer par lui-même, ce qui signifie qu’il doit les puiser dans l’alimentation. Pour bâtir et réparer le tissu musculaire de manière optimale, il est nécessaire de consommer suffisamment de protéines variées pour couvrir tous les acides aminés essentiels.
On dit souvent qu’une personne cherchant à prendre de la masse musculaire doit viser un apport d’environ 1,2 à 2 grammes de protéines par kilo de masse corporelle, par jour. Cela constitue un repère général. Toutefois, chaque individu est différent. Les besoins peuvent varier en fonction de l’âge, du sexe, du pourcentage de masse grasse et de la fréquence des entraînements.
Les protéines végétales suffisent-elles?
Valeur biologique et profil en acides aminés
Un argument fréquemment avancé pour dénigrer le régime végétarien dans le cadre d’une prise de masse est la supposée faible qualité des protéines végétales. En réalité, si l’on consomme des sources de protéines végétales variées, on peut obtenir un profil complet en acides aminés.
Quelques exemples de protéines végétales bien pourvues en acides aminés:
- Soja et produits dérivés (tofu, tempeh, lait de soja)
- Légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots rouges)
- Quinoa
- Graines (chanvre, chia, tournesol, courge)
- Céréales complètes (avoine, blé complet, etc.)
Même s’il est vrai qu’une seule source de protéines végétales peut avoir un profil en acides aminés incomplet (par exemple, une carence en lysine dans le blé ou en méthionine dans les légumineuses), la solution est de combiner plusieurs sources. Ainsi, on obtient un spectre d’acides aminés plus complet que si on ne consommait qu’un seul type de légume sec ou de céréale.
La complémentarité des aliments
Pour pallier un éventuel déficit en acides aminés, il est recommandé d’associer, dans la même journée, légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches) et céréales complètes (riz complet, avoine, blé complet). Cette complémentarité permet de combler les éventuelles lacunes de chaque aliment, et de créer ainsi un apport protéique qualitatif. Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire de tout manger en un seul repas. Consommer des légumineuses à midi et des céréales complètes le soir, ou inversement, suffit à obtenir l’ensemble des acides aminés sur la même journée.
Exemples de repas complets
- Porridge à l’avoine, mélangé à des graines de chia et entouré de fruits (petit-déjeuner).
- Salade de quinoa agrémentée de pois chiches, légumes colorés, huile d’olive et graines de sésame (déjeuner).
- Tofu mariné accompagné de riz complet, poivrons, brocolis sautés et quelques noix de cajou (dîner).
En diversifiant vos sources alimentaires, vous mettez toutes les chances de votre côté pour construire une base solide. Vous pouvez aisément atteindre les 1,2 à 2 g de protéines/kg/jour même en restant végétarien.
Les mythes autour de la prise de masse en végétarien
Mythe n°1: Il faut absolument de la viande pour prendre du muscle
C’est probablement le mythe le plus répandu. On croit souvent que les protéines animales sont supérieures pour la synthèse musculaire, car elles possèdent un profil complet en acides aminés. Cependant, comme nous l’avons vu, une alimentation végétarienne fournit aussi un spectre d’acides aminés complet, à condition de varier les aliments. Côté études, plusieurs recherches pointent vers l’égalité entre les protéines animales et végétales quant à l’augmentation de la masse maigre, pourvu que les quantités et la complémentarité soient respectées.
Mythe n°2: L’apport en protéines est trop faible
Beaucoup pensent aussi que les végétariens ne parviennent pas à consommer suffisamment de protéines au quotidien. Toutefois, avec un minimum de planification et de connaissances nutritionnelles, atteindre les objectifs protéiques dans un régime végétarien n’est pas un défi insurmontable. Par ailleurs, de nombreuses personnes omnivores ne respectent pas non plus leurs besoins protéiques journaliers. Tout n’est qu’une question d’organisation et de choix d’aliments riches en protéines (ex: tofu, tempeh, légumineuses, noix, graines).
Mythe n°3: Les carences sont inévitables
Les carences, elles existent, mais elles ne concernent pas uniquement les végétariens. Les omnivores peuvent également en pâtir s’ils mangent mal ou ne couvrent pas leurs besoins nutritionnels. Le végétarien doit faire attention à la vitamine B12, au fer, au zinc et parfois à l’iode. Pour prévenir ces carences, on peut recourir aux aliments enrichis (ex: laits végétaux enrichis en calcium, vitamine D, B12) et prendre des compléments si nécessaire. Par exemple, la spiruline est souvent vantée pour son apport en fer, et plusieurs légumineuses sont très riches en zinc.
Les stratégies pour réussir sa prise de masse en végétarien
1. Viser un excédent calorique maîtrisé
Pour prendre de la masse musculaire, il faut un léger surplus calorique de l’ordre de 200 à 300 kcal par jour au-dessus de vos besoins de maintien. Autrement dit, manger “juste ce qu’il faut” de calories en plus pour nourrir l’anabolisme musculaire, sans pour autant favoriser la prise de graisse excessivement. Cet excédent doit provenir d’aliments nutritifs, riches en micronutriments, et non de malbouffe.
2. Fractionner les sources de protéines
Privilégiez trois à quatre prises protéiques dans la journée. Répartir l’apport sur plusieurs repas et collations permet:
- De maintenir un niveau constant d’acides aminés dans le sang.
- De stimuler plus fréquemment la synthèse protéique.
- De mieux digérer les aliments.
Par exemple:
- Petit-déjeuner protéiné (porridge, yaourt de soja, etc.)
- Collation en milieu de matinée (fruits secs, graines, barre protéinée végétale)
- Déjeuner riche en protéines (lentilles, riz complet, légumes)
- Collation pré-entraînement ou post-entraînement (shake protéiné à base de lait végétal, de protéines de pois ou de soja)
- Dîner complet (tempeh, légumes, céréales)
3. Bien choisir et combiner les protéines
Toutes les protéines végétales ne se valent pas. Lorsqu’on parle de prise de masse, le soja, la protéine de pois, la spiruline ou même la protéine de chanvre sont souvent mises en avant pour leur biodisponibilité. N’hésitez pas à les utiliser en alternance. Le corps profite d’un éventail plus large d’acides aminés et s’habitue moins vite à une forme unique de protéine.
Voici quelques associations classiques pour rééquilibrer le profil en acides aminés:
- Légumineuses + céréales (lentilles + riz complet)
- Tofu + quinoa
- Pois chiches + pain complet
- Haricots rouges + avoine
4. Gérer les micronutriments critiques
Le régime végétarien est souvent montré du doigt pour ses carences possibles en fer, en vitamine B12 et parfois en zinc. Pourtant, un programme alimentaire bien conçu vous permettra d’éviter ces écueils. Voici quelques conseils simples:
- Fer: privilégiez les aliments végétaux riches en fer comme les lentilles, les épinards, les haricots. Associez-les à des sources de vitamine C (citrons, oranges) pour améliorer leur absorption.
- Vitamine B12: consommez des aliments enrichis (certains laits végétaux, levure nutritionnelle), ou envisagez une supplémentation, car la vitamine B12 est essentiellement d’origine bactérienne et souvent présente dans les produits animaux.
- Zinc: mis à part la viande, le zinc se trouve aussi dans les légumineuses, les noix et les graines.
- Calcium: consultez la liste des laits végétaux enrichis et privilégiez également le chou kale, le brocoli ou encore les amandes.
5. D’autres suppléments possibles
Focus sur quelques suppléments utiles:
- Créatine: elle est naturellement présente en grande quantité dans la viande. Les végétariens peuvent opter pour une supplémentation en créatine monohydrate afin d’optimiser leurs performances et leur récupération.
- Protéines en poudre: à base de soja, de pois, de riz ou en mélange (pour un profil en acides aminés complet). Cela peut s’avérer pratique en post-entraînement.
- Omega-3: privilégiez les graines de lin, de chia ou l’huile de colza, voire envisagez un complément d’algues pour combler la différence en EPA et DHA.
Exemple d’une journée type pour la prise de masse en régime végétarien
Petit-déjeuner (environ 07:00)
- Un grand bol de flocons d’avoine mélangé à des graines de chia, des fruits rouges et un lait végétal (soja, amande) enrichi en calcium.
- Un petit mélange de fruits secs (noix, amandes, cacahuètes).
- Un thé vert ou une infusion selon votre habitude.
Collation matinale (environ 10:00)
- Un fruit frais (banane, pomme, etc.).
- Une barre protéinée à base de protéines de pois ou de soja (possibilité de la fabriquer maison).
Déjeuner (environ 13:00)
- Salade colorée à base de quinoa, pois chiches, tomates, concombres et olives. Assaisonnez avec de l’huile d’olive et du jus de citron.
- Pain complet.
- Un yaourt végétal comme dessert, éventuellement agrémenté de sirop d’érable.
Collation pré-entraînement (environ 16:00)
- Un shake protéiné: mélange de protéines de pois et de lait végétal, avec éventuellement un peu de cacao pour le goût.
- Une banane pour apporter de l’énergie rapide.
Entraînement (environ 17:00 ou 18:00)
- Séance de musculation avec un accent sur différents groupes musculaires. N’oubliez pas l’échauffement et les étirements.
Dîner (environ 20:00)
- Tofu mariné (sauce soja, gingembre, ail) et cuit au four.
- Accompagnement riz complet, brocolis sautés et champignons.
- Un verre de lait végétal enrichi, ou un smoothie si vous souhaitez un apport supplémentaire en nutriments.
Collation avant le coucher (optionnelle, environ 22:00)
- Un petit bol de fromage blanc végétal (à base de soja) ou un mélange de graines (courge, lin) avec quelques fruits rouges pour un apport protéique tardif.
Cet exemple de menu montre qu’il est tout à fait possible de répartir judicieusement son apport en protéines sur la journée, et de couvrir les macros nécessaires à la prise de masse. Les quantités doivent être adaptées en fonction de votre taille, poids, niveau d’activité, etc.
Erreurs courantes à éviter
Se focaliser uniquement sur les protéines
La prise de masse musculaire ne se limite pas à la question des protéines. Une quantité suffisante de glucides complexes est primordiale pour obtenir l’énergie nécessaires lors des entraînements et pour éviter de puiser dans les réserves protéiques. De plus, les lipides (les “bonnes graisses”) jouent un rôle dans la production d’hormones, y compris la testostérone, un acteur clé dans la prise de masse. Un régime trop pauvre en graisses peut donc freiner vos résultats.
Négliger l’entraînement
Un régime végétarien riche en protéines ne sert pas à grand-chose s’il n’est pas associé à un plan d’entraînement adéquat. Pour construire du muscle, il faut imposer un stress mécanique aux fibres musculaires (au moyen d’exercices de résistance). Assurez-vous d’avoir un programme structuré, avec une surcharge progressive: augmentez la charge ou les répétitions au fil des semaines pour forcer le muscle à s’adapter.
Manquer de régularité
Toute stratégie de prise de masse demande du temps. Les résultats ne se mesurent pas du jour au lendemain. Le mot-clé est la régularité, tant dans l’entraînement (fréquence et intensité) que dans l’alimentation (qualité et quantité). Ne vous découragez pas si vous ne voyez pas de changement visible en quelques jours. Les modifications corporelles s’opèrent généralement sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Ignorer la récupération
Pour que le muscle se développe, il faut du repos. À l’entraînement, vous endommagez les fibres musculaires, et c’est durant la récupération (sommeil, repos, alimentation) que le corps répare et renforce ces fibres. Un sommeil de qualité (7 à 9 heures par nuit) est donc un facteur majeur. Veillez aussi à programmer des journées de repos et à moduler l’intensité de vos séances en fonction de vos sensations.
Témoignages sportifs célèbres
De nombreux athlètes végétariens et véganes ont prouvé qu’il était tout à fait possible de performer et de prendre du muscle. Citons quelques exemples pour illustrer ce propos:
- Patrik Baboumian: haltérophile et strongman végan, détient plusieurs records, notamment celui du portage le plus lourd sur ses épaules.
- Venus Williams: championne de tennis suivant un régime végétalien pour des raisons de santé.
- Alex Morgan: footballeuse internationale, elle a adopté un régime végan pour des raisons éthiques et a continué à rester au top de sa forme.
- Kendrick Farris: haltérophile américain végane, a participé aux Jeux olympiques.
Ces sportifs démontrent que la réussite en termes de performance et de transformation physique ne dépend pas exclusivement de la consommation de viande ou de poisson.
Conclusion: pas un mythe, mais une question de stratégie
Si vous vous demandez toujours si la prise de masse musculaire en régime végétarien est un mythe, la réponse est sans équivoque: non. Il est parfaitement possible d’obtenir d’excellents résultats en bâtissant une alimentation adaptée autour de la complémentarité des protéines végétales, en restant attentif à vos besoins caloriques et en ajoutant éventuellement certains suppléments comme la vitamine B12 ou la créatine.
Comme tout plan alimentaire, la clé du succès réside dans la cohérence et la régularité. Couplez un entraînement efficace à une stratégie nutritionnelle bien pensée. Assurez-vous de dormir suffisamment et de vous reposer pour récupérer. Surveillez aussi d’éventuelles carences et ajustez votre apport en micronutriments si besoin. Enfin, n’oubliez jamais que chaque organisme est unique. N’hésitez pas à consulter un professionnel de la nutrition ou un diététicien spécialisé dans l’alimentation végétarienne pour un accompagnement personnalisé.
En gérant tous ces paramètres, la prise de masse en régime végétarien s’avère tout à fait réalisable. Que vous soyez un pratiquant de musculation de longue date ou un curieux souhaitant simplement essayer un mode de vie plus sain et éthique, l’essentiel est d’avancer avec méthode et de faire preuve de patience. Votre corps vous remerciera, et votre confiance en vous fera un bond en avant lorsque vous atteindrez enfin vos objectifs. Bon entraînement et bon appétit!