Construire un système de compost de balcon


Introduction

Le compostage est une méthode naturelle permettant de transformer nos déchets alimentaires et végétaux en un engrais riche et fertile. Dans un contexte urbain, où l’espace est souvent limité, il est facile de penser que le compostage n’est pas à la portée de tous. Pourtant, avec un peu de créativité et d’organisation, vous pouvez tout à fait créer un petit composteur fonctionnel sur un balcon. Cette pratique est particulièrement intéressante pour les personnes qui ont adopté un mode de vie végétarien ou qui consomment beaucoup de fruits et légumes. En effet, cela génère régulièrement des épluchures ou déchets végétaux qu’on peut valoriser au lieu de simplement les jeter aux ordures ménagères.

Dans cet article, nous allons voir pourquoi le compost de balcon est un vrai plus, comment le mettre en place, de quels matériaux vous aurez besoin et toutes les étapes pour obtenir un compost de qualité. Nous aborderons également quelques astuces pour éviter les mauvaises odeurs et respecter au mieux les contraintes d’un environnement urbain. Enfin, vous découvrirez comment réutiliser ce compost pour nourrir vos plantes en pot ou même partager cet or brun autour de vous.

Pourquoi composter sur son balcon?

Réduire ses déchets

Pour les citadins, les ordures ménagères se composent essentiellement d’emballages et de restes alimentaires. En France, on estime qu’une grande partie de nos poubelles est constituée de déchets organiques qui pourraient être valorisés. Adopter un composteur de balcon permet donc de réduire significativement le volume total d’ordures, tout en évitant l’enfouissement ou l’incinération de ces matières organiques.

Produire un engrais naturel et gratuit

Le compostage a l’avantage de produire, à partir de nos propres déchets, un amendement organique de grande qualité. Le compost apporte de la matière organique essentielle pour nourrir les plantes en pot et favoriser leur croissance. Il améliore également la structure du sol. Ainsi, plus besoin d’acheter des engrais chimiques ou des terreaux hors de prix: vous produisez vous-même un fertilisant parfaitement adapté aux besoins de vos plantes.

Favoriser la biodiversité même en ville

Le compost est un écosystème vivant, peuplé de micro-organismes, de vers et d’insectes, qui transforment progressivement la matière végétale en humus. En apportant cette faune et cette flore sur votre balcon, vous contribuez à la préservation de la biodiversité au coeur des villes. Quelques insectes utiles, comme les vers de terre ou certains coléoptères, peuvent aider à maintenir l’équilibre de votre compost et même participer à la pollinisation de vos plantes.

Faire un geste pour la planète

Réduire ses déchets et produire un engrais naturel, c’est aussi diminuer son empreinte carbone. Les ordures organiques qui finissent en décharge émettent du méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2. Le compostage limite donc la production de méthane et contribue à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est un petit geste, mais il compte, surtout lorsqu’il est multiplié par des millions de personnes à travers le monde.

Quel bac choisir pour un compost de balcon?

Les différents types de composteurs

Il existe plusieurs types de composteurs que vous pouvez installer sur votre balcon:

  1. Le composteur en bois ou en plastique
    Cette structure est généralement assez compacte, ce qui peut convenir aux petits espaces. On en trouve des modèles prêts à l’emploi dans le commerce, de différentes tailles et styles. Les modèles en plastique sont souvent moins chers, mais les composteurs en bois sont plus esthétiques et permettent une meilleure aération.
  2. Le lombricomposteur
    Aussi appelé vermicomposteur, il s’agit d’un système muni de vers (généralement des vers de Californie) qui décomposent très efficacement la matière organique. Il est apprécié pour sa taille réduite et sa rapidité de compostage. De plus, il produit un liquide riche en nutriments (le “thé de compost”) utilisable comme engrais liquide.
  3. Le bokashi
    Méthode de compostage asiatique basée sur la fermentation, le système bokashi est très pratique en appartement ou sur un balcon, car il occupe peu de place et ferme hermétiquement. Son fonctionnement repose sur l’ajout d’un son enrichi en micro-organismes spécifiques, qui limitent les odeurs et accélèrent la transformation des déchets.

Les critères de choix

Pour choisir le composteur le plus adapté, vous devez prendre en compte:

  • La taille de votre balcon
    Plus votre espace est restreint, plus vous aurez besoin d’un système compact. Le lombricomposteur ou le bokashi sont à privilégier si vous avez très peu de place.
  • Le volume de déchets produits
    Si vous êtes une personne seule ou un couple, vous aurez probablement moins de biodéchets qu’une famille nombreuse. Adaptez donc la capacité du composteur à la quantité de biodéchets que vous générez.
  • La sensibilité aux odeurs
    Si vous craignez les odeurs ou si vous avez des voisins proches, un bokashi ou un lombricomposteur bien entretenu peut être plus approprié. Ils sont relativement hermétiques et moins susceptibles de dégager des odeurs.
  • Le budget
    Les composteurs les moins chers du commerce se trouvent parfois à une trentaine d’euros. D’autres modèles plus avancés peuvent coûter quelques centaines d’euros. Vous pouvez aussi fabriquer votre propre composteur pour un coût réduit, à condition d’être un peu bricoleur.

Comment fabriquer un composteur de balcon soi-même?

Les matériaux nécessaires

Si vous souhaitez économiser ou personnaliser votre composteur, vous pouvez le fabriquer vous-même avec quelques matériaux de base. Voici ce dont vous aurez besoin pour un composteur en bois simple:

  • Une caisse en bois ou des planches de récupération (palettes par exemple)
  • Un couvercle adaptable à la caisse (important pour protéger de la pluie et éviter l’invasion d’insectes indésirables)
  • Une perceuse avec un foret adapté pour percer des trous d’aération
  • Un chiffon ou une bâche pour bien recouvrir ou isoler l’intérieur, si nécessaire
  • Des charnières (optionnel) pour fixer le couvercle si vous souhaitez un système d’ouverture pratique.

Les étapes de fabrication

  1. Préparer la caisse
    Choisissez une caisse en bois suffisamment profonde pour accueillir vos futurs déchets. Nettoyez-la soigneusement et retirez tout résidu.
  2. Percer des trous d’aération
    A l’aide d’une perceuse, faites plusieurs trous sur les côtés et le fond de la caisse. L’aération est cruciale dans un composteur, car la décomposition se fait grâce à l’oxygène. Des trous trop gros peuvent laisser passer les insectes, donc optez pour un diamètre de quelques millimètres.
  3. Installer la bâche ou le chiffon
    Tapissez l’intérieur de la caisse d’une bâche pour éviter qu’il ne pourrisse trop vite ou que le compost ne s’échappe par les fentes. Assurez-vous de ne pas bloquer les trous d’aération.
  4. Fixer le couvercle
    Si vous disposez d’un couvercle en bois, vous pouvez le fixerà l’aide de charnières ou l’utiliser simplement comme une plaque amovible que vous venez poser sur la caisse.
  5. Placer le composteur sur une surface stable
    Assurez-vous qu’il est un peu surélevé ou qu’il dispose d’un bac de récupération en dessous pour recueillir le jus de compost s’il y en a. Cela facilite aussi le nettoyage autour du composteur.

Avec cette fabrication maison, vous disposez d’un composteur adapté à un balcon, peu coûteux et relativement discret. Veillez toutefois à bien gérer l’humidité et l’aération.

Les matières compostables et celles à éviter

Que mettre dans son compost?

Dans un compost de balcon, vous pouvez mettre une grande variété de déchets organiques, notamment:

  • Les épluchures de fruits et légumes
    Parfait pour un végétarien, puisque vous en aurez sûrement en abondance.
  • Les restes de fruits et légumes (tiges, trognons, feuilles)
  • Les coquilles d’œufs écrasées
    Même dans un régime végétarien, certains consomment encore des œufs. Ces coquilles sont une excellente source de calcium pour le compost.
  • Le marc de café et sachets de thé
    Attention toutefois à vérifier si vos sachets de thé sont en matière biodégradable.
  • Les cartons non imprimés et non traités (comme les boîtes d’œufs, les rouleaux de papier toilette vides)
  • Les feuilles et fleurs fanées provenant de vos plantes d’intérieur ou de balcon.

Les matières à éviter

  • Restes de viande ou de poisson
    Ils peuvent attirer des nuisibles et générer de fortes odeurs.
  • Huiles et graisses
    Elles se dégradent mal et ralentissent le processus de compostage.
  • Plantes malades ou infestées de parasites
    Pour éviter la propagation de maladies, mieux vaut les jeter en déchetterie.
  • Gros morceaux de bois
    Ils mettent beaucoup de temps à se décomposer.
  • Déchets synthétiques et plastiques
    Les plastiques, même biodégradables, ne se décomposent pas toujours correctement dans un compost domestique.

Les étapes pour un bon compostage

1. Préparation de la base

Avant de déposer vos premiers déchets, il est conseillé de créer une couche de base composée de matériaux “secs” ou “bruns”: petits morceaux de carton, feuilles mortes, copeaux de bois. Cette couche initiale va favoriser la circulation de l’air et éviter l’accumulation d’humidité au fond de votre composteur.

2. Alternance des couches

Le secret d’un compost réussi est d’alterner matières “vertes” et matières “brunes”. En pratique, cela signifie que chaque fois que vous ajoutez vos épluchures ou autres déchets de cuisine (matières vertes riches en azote), vous devriez recouvrir d’une fine couche de feuilles mortes, de carton ou de papier journal non imprimé (matières brunes riches en carbone). Cet équilibre permet un compostage plus rapide et limite les odeurs.

3. Surveiller l’humidité

Un bon compost doit être humide, mais pas détrempé. Si vous observez de mauvaises odeurs, c’est peut-être parce que votre compost est trop humide. Vous pouvez alors ajouter un peu de matière brune et bien mélanger. Au contraire, si le compost vous semble trop sec, arrosez-le légèrement et brassez pour répartir l’humidité.

4. Aérer régulièrement

Brasser le compost est essentiel pour un bon apport en oxygène. Sur un balcon, vous pouvez utiliser une petite fourche ou un bâton pour mélanger délicatement les couches. Essayez de le faire toutes les deux ou trois semaines. Cela accélère la décomposition et évite les mauvaises odeurs.

5. Patience et contrôle

Selon le type de composteur et les conditions météo, la maturation du compost peut prendre de trois à huit mois. Vous saurez qu’il est prêt lorsque la matière a une couleur sombre, ressemble à de la terre friable et dégage une odeur de sous-bois.

Astuces pour éviter les mauvaises odeurs et les nuisibles

Même si vous possédez un composteur de petite taille sur votre balcon, vous pouvez prendre des précautions pour qu’il ne devienne pas source de nuisances pour vous ou vos voisins.

  1. Couvrir systématiquement les déchets frais
    Après chaque apport, recouvrez d’une petite couche de carton ou de feuilles mortes.
  2. Contrôler l’humidité
    Un compost trop humide est synonyme d’odeurs. Si nécessaire, rajoutez du carton ou des copeaux de bois.
  3. Limiter les insectes indésirables
    Les mouches, par exemple, sont attirées par la matière organique exposée. Un couvercle est un bon moyen de les tenir à distance.
  4. Nettoyer régulièrement les abords
    Ramassez les éventuels déchets qui auraient pu tomber au sol.
  5. Utiliser un activateur de compost (optionnel)
    Il s’agit de formulations en poudre ou en granulés qui contiennent des micro-organismes aidant à la décomposition. Cela peut accélérer le processus et limiter les odeurs.

Lombricompostage: une alternative encore plus urbaine

Si vous craignez les odeurs ou si vous avez un très petit balcon, le lombricompostage peut être une excellente solution. Il utilise des vers spécialisés dans la décomposition de la matière organique, comme les vers de Californie. Voici quelques points importants:

  • Les vers consomment rapidement les déchets, ce qui limite l’apparition de moisissures ou d’odeurs.
  • Le lombricomposteur est généralement plus compact qu’un composteur classique.
  • Vous récupérez du lombricompost solide et un thé de compost liquide, tous deux très riches en nutriments.
  • Il faut cependant bien surveiller la température (idéalement entre 15°C et 25°C) et l’humidité. Les vers sont sensibles à la chaleur et au froid extrêmes.

Utiliser son compost en appartement ou sur un balcon

Une fois votre compost prêt, vous pouvez en faire profiter vos plantes en pot et vos cultures de balcon. C’est particulièrement appréciable si vous cultivez quelques légumes ou plantes aromatiques. Voici plusieurs façons de l’utiliser:

  • Amender les pots avant la plantation
    Mélangez une poignée de compost mûr à votre terreau lorsque vous rempotez une plante.
  • En surface
    Épandez une couche de compost au pied de vos plantes, comme un paillis. Cela nourrira progressivement la plante tout en retenant l’humidité.
  • En thé de compost
    Si vous pratiquez le lombricompostage ou si vous laissez tremper une poignée de compost mûr dans l’eau plusieurs jours, vous obtenez un “thé” riche qui peut être utilisé en arrosage pour nourrir vos plantes.

Si vous produisez plus de compost que vous n’en utilisez, pensez à le donner à vos amis, à un jardin partagé ou même à des associations locales qui gèrent des potagers urbains. Vous ferez ainsi profiter d’autres jardiniers, tout en évitant le gaspillage.

Compost et alimentation végétarienne

Adopter un régime végétarien ou majoritairement végétal est souvent lié à une volonté de mieux consommer et de respecter l’environnement. Or, le compostage s’inscrit parfaitement dans cette démarche:

  • Moins de gaspillage alimentaire : en compostant les restes et épluchures, on valorise des déchets qui auraient autrement fini à la poubelle.
  • Cycle vertueux : vos plantes sont nourries par les déchets issus de la préparation de fruits et légumes, qui à leur tour produiront de nouveaux végétaux.
  • Sensibilisation : en voyant concrètement la transformation de vos restes alimentaires, vous prenez conscience de la valeur de chaque produit que vous achetez. Vous êtes ainsi plus enclin à éviter le gaspillage et à consommer de manière responsable.

Questions fréquentes sur le compost de balcon

1. Le compost sur mon balcon va-t-il attirer les rats et autres nuisibles?
En ville, il est compréhensible de se poser la question. Les rats sont surtout attirés par des restes carnés et des odeurs fortes de pourriture. Si vous respectez les consignes (pas de viande, pas de poisson, bonne aération, couvercle), les risques sont très faibles.

2. Peut-on composter en hiver?
Oui, mais la décomposition sera plus lente. Il est conseillé de protéger votre composteur du gel ou de le placer dans un endroit peu exposé. Pour le lombricomposteur, veillez à ce que la température reste dans une fourchette supportable pour les vers.

3. Les odeurs sont-elles inévitables?
Un compost bien géré ne dégage quasiment pas d’odeur. Les quelques effluves possibles rappellent plutôt l’humus forestier. Si vous sentez une forte odeur de pourriture, c’est souvent un problème d’humidité ou un excès de matières vertes non recouvertes.

4. Quand et comment récupérer le compost fini?
Vous pouvez récupérer la couche inférieure ou centrale une fois qu’elle est transformée en une matière sombre, friable, et qui sent le sous-bois. Pour en extraire le compost mûr, vous devrez éventuellement transférer la couche supérieure de déchets fraîchement ajoutés, afin d’accéder à la partie la plus décomposée.

5. Peut-on mettre des épluchures d’agrumes ou des oignons?
En quantité modérée, il n’y a aucun problème. Les agrumes contiennent des acides et peuvent ralentir le processus s’ils sont ajoutés en grande quantité. Les oignons, quant à eux, peuvent dégager des odeurs fortes. Dans un compost bien aéré et équilibré, cela ne devrait pas poser de problème majeur.

Conclusion

Le compostage sur un balcon est tout à fait réalisable, même si vous ne disposez que de quelques mètres carrés en plein centre-ville. C’est une démarche respectueuse de l’environnement, qui réduit la quantité de déchets produits et vous permet de créer votre propre engrais naturel. Que vous décidiez d’acheter un composteur compact, d’adopter un lombricomposteur ou de construire vous-même un bac en bois, l’essentiel est de respecter quelques principes simples: alterner matières vertes et brunes, brasser régulièrement et contrôler l’humidité.

En tant que consommateur d’aliments végétariens, vous possédez déjà un avantage: vous produisez probablement beaucoup d’épluchures de fruits et légumes, idéales pour alimenter votre compost. Grâce à votre compost de balcon, vous nourrirez vos plantes en pot tout en ayant la satisfaction de participer à un cycle vertueux, sans gaspillage et dans le respect de la planète. C’est aussi un moyen de sensibiliser votre entourage, vos voisins et vos amis, en leur montrant qu’il est possible d’avoir un mode de vie plus écologique, même en ville.

Pour conclure, composter en milieu urbain est un geste simple, accessible à tous, et qui a un impact considérable sur nos habitudes de consommation et sur l’environnement. Lancez-vous dans l’aventure du compost de balcon et profitez des bénéfices d’un engrais naturel, d’un balcon fleuri et productif, et d’une conscience écologique renforcée. Vos plantes, votre communauté et la planète vous remercieront.