
5 erreurs fréquentes quand on devient végétarien (et comment les éviter)
Devenir végétarien est une démarche motivante et enrichissante. On souhaite souvent faire ce choix pour des raisons éthiques, environnementales ou de santé. Pourtant, lorsqu’on se lance dans ce mode d’alimentation, il est facile de commettre quelques erreurs. Dans cet article, nous allons passer en revue 5 erreurs fréquentes commises par les nouveaux végétariens et, surtout, nous verrons comment les éviter pour profiter pleinement des bienfaits d’un régime sans viande.
Introduction: les enjeux d’une transition vers un régime végétarien
Le passage à un régime végétarien amène son lot de questions. Quelles protéines privilégier? Comment éviter les carences? Que faire pour varier ses repas au quotidien? Balayer ces interrogations est essentiel pour adopter une alimentation équilibrée et durable. En outre, devenir végétarien ne signifie pas simplement ôter la viande de son assiette, il faut aussi apprendre à remplacer certains aliments pour maintenir une bonne santé.
Le végétarisme est un terme générique qui recouvre plusieurs nuances. Certains consomment des produits laitiers et des œufs (ovo-lacto-végétarien), d’autres refusent également le lait et les produits laitiers (ovovégétarien), tandis que d’autres encore iront jusqu’au véganisme qui élimine tout produit d’origine animale (miel, œufs, lait, beurre, etc.).
Quelle que soit la version du végétarisme que vous choisissez, vous aurez affaire à plusieurs changements alimentaires. Voici les cinq erreurs les plus fréquentes quand on se lance dans un régime végétarien, accompagnées de conseils pour passer ce cap sans encombre.
Erreur n°1: Se contenter de supprimer la viande sans réfléchir aux équivalents nutritionnels
De nombreux débutants en végétarisme commettent l’erreur de simplement retirer la viande de leur assiette, sans la remplacer par des sources de protéines et d’autres nutriments essentiels. On risque alors de se retrouver avec un repas incomplet, car la viande n’est pas seulement une source de protéines: elle fournit aussi du fer, du zinc et des vitamines (notamment la vitamine B12).
Pourquoi c’est un problème
Si vous conservez la même structure de repas, mais sans la viande, vous risquez de développer des carences sur le long terme. Par exemple, un manque de protéines peut causer fatigue, perte de masse musculaire ou difficultés de récupération après l’activité sportive. De plus, le fer d’origine animale (dit «fer héminique») est particulièrement bien absorbé par l’organisme. Lorsqu’on retire les sources de fer animal, il faut compenser en augmentant la consommation de fer d’origine végétale et en veillant à l’assimilation de celui-ci (avec de la vitamine C par exemple).
Comment l’éviter
• Remplacer chaque portion de viande par une autre source de protéines: légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges, etc.), tofu, tempeh, seitan, œufs, produits laitiers, protéines végétales texturées.
• Varier les légumineuses et les aliments riches en protéines pour assurer un apport en acides aminés diversifié.
• Boire un verre de jus d’orange ou ajouter un aliment riche en vitamine C (poivrons, agrumes, fruits rouges) au même repas que vos légumineuses pour faciliter l’absorption du fer.
• Consommer régulièrement des graines de citrouille, de tournesol ou de sésame, qui peuvent contribuer à l’équilibre des apports en minéraux.
Erreur n°2: Négliger la vitamine B12
La vitamine B12 est principalement présente dans les produits d’origine animale, notamment la viande, le poisson, les œufs et les produits laitiers. Les personnes qui choisissent une alimentation végétarienne stricte ou végétalienne doivent donc prêter particulièrement attention à cet apport. Les carences en vitamine B12 peuvent entraîner de l’anémie, des troubles nerveux et de la fatigue chronique.
Jusqu’où est-elle absente?
La vitamine B12 (cobalamine) est produite par certaines bactéries et n’existe quasiment pas dans les végétaux. Parmi les exceptions, on compte certaines algues ou des aliments enrichis (lait végétal enrichi, céréales pour petit-déjeuner enrichies, levure de bière enrichie, etc.). Toutefois, ces apports peuvent rester insuffisants pour couvrir les besoins quotidiens.
Comment l’éviter
• Opter pour des produits enrichis en B12 si vous êtes végétarien strict ou végétalien (laits végétaux, céréales, etc.).
• Prendre un complément alimentaire de B12 sur conseil d’un professionnel de santé, afin d’éviter toute carence à long terme.
• Planifier des bilans sanguins régulièrement si vous avez un doute ou si vous ressentez des signes de fatigue persistante, picotements dans les extrémités ou difficultés de concentration.
Erreur n°3: Manger trop de produits transformés ou sucrés
Quand on devient végétarien, on peut être tenté de compenser l’absence de viande en consommant davantage de produits transformés tels que les burgers végétariens industriels, les simili-carnés ultra-transformés, ou encore des gâteaux, biscuits, barres de céréales et autres produits fortement raffinés. Si cela peut sembler pratique et délicieux au départ, on risque de passer à côté des véritables bénéfices associés à une alimentation plus naturelle et équilibrée.
Les risques liés à la nourriture ultra-transformée
Les produits ultra-transformés contiennent souvent des additifs, trop de sel, de sucre ou de gras saturés. Les consommer régulièrement augmente le risque de surpoids, de diabète, de maladies cardiovasculaires et peut même avoir un impact négatif sur la flore intestinale. De plus, en faisant la part belle aux produits industriels, vous réduisez votre consommation de fibres et de micronutriments essentiels.
Comment l’éviter
• Cuisiner soi-même des plats à base de légumes, de céréales complètes et de légumineuses. Par exemple, préparer des boulettes végétales maison à base de lentilles et de flocons d’avoine.
• Choisir des collations saines comme les fruits frais, les fruits secs, les graines ou des crudités accompagnées d’houmous.
• Lire attentivement les étiquettes des produits pour vérifier la teneur en sucres, sel et additifs. Priviliégiez des produits à la liste d’ingrédients courte et compréhensible.
• Réserver les simili-carnés industriels pour les occasions particulières, quand le temps manque ou pour des plaisirs ponctuels, mais ne pas en faire le cœur de votre alimentation.
Erreur n°4: Ne pas varier suffisamment sa nouvelle alimentation
La viande était peut-être un pilier de vos repas. Une fois retirée, on se retrouve parfois à répéter les mêmes plats ou à se concentrer seulement sur quelques aliments phares. C’est le cas de personnes qui mangent beaucoup de pâtes, de riz blanc, de fromages et esquecant le reste. Petit à petit, la monotonie peut s’installer, ce qui complique la pérennité du régime végétarien. Difficile de tenir sur la durée si l’on s’ennuie dans son assiette.
Les conséquences d’un manque de variété
• Carences nutritionnelles: Répéter les mêmes plats peut générer des carences, en vitamines et minéraux.
• Lassitude: Manger constamment les mêmes repas finit par devenir lassant, voire frustrant.
• Manque d’antioxydants: Les végétaux colorés regorgent d’antioxydants, de vitamines et de minéraux différents. Varier ses choix de fruits et légumes permet à l’organisme de bénéficier d’une plus large gamme de nutriments.
Comment l’éviter
• Construire ses repas autour de trois groupes d’aliments: protéines végétales (légumineuses, tofu, tempeh…), céréales complètes (riz complet, quinoa, sarrasin…), et légumes variés (verts, orangés, rouges, crucifères, etc.).
• Découvrir de nouvelles cuisines: s’inspirer des recettes indiennes, méditerranéennes, moyen-orientales ou même asiatiques pour multiplier les saveurs et diversifier vos ingrédients.
• Expérimenter avec les épices et les herbes: le paprika fumé, le curry, le cumin, la coriandre, le basilic ou le thym peuvent redonner un nouveau souffle à de simples légumes.
• Se challenger avec des recettes inédites chaque semaine ou selon un plan de repas. Cela peut être amusant de piocher dans des livres de recettes végétariennes ou sur des sites de cuisine spécialisée.
Erreur n°5: Sous-estimer le rôle des matières grasses et des bons lipides
On associe parfois le végétarisme à une alimentation «light» ou allégée en graisses, mais cela peut conduire à un déséquilibre. Les lipides sont essentiels à la santé: ils interviennent dans le fonctionnement hormonal, la construction cellulaire, la régulation de la température corporelle et beaucoup d’autres processus métaboliques. Par ailleurs, certains acides gras (comme les oméga-3) sont indispensables, car le corps ne sait pas les synthétiser lui-même.
Les sources végétales de bons lipides
• Les huiles végétales (colza, lin, chanvre, noix) qui sont riches en acides gras essentiels de la famille des oméga-3 et oméga-6.
• Les oléagineux et graines (amandes, noix, noisettes, graines de lin, graines de chia) qui contiennent de bonnes qualités de gras, de la vitamine E et divers minéraux.
• Les avocats, qui offrent un apport intéressant en graisses mono-insaturées et en fibres.
• Les beurres d’oléagineux (beurre d’amande, de cacahuète, de noix de cajou), pour enrichir vos collations d’acides gras et de protéines.
Comment l’éviter
• Ne pas diaboliser les graisses: éliminer toute matière grasse de son alimentation est aussi nocif que de consommer trop de mauvaises graisses.
• Privilégier la variété: alterner entre différentes huiles végétales pour bénéficier d’un large éventail d’acides gras et de nutriments.
• Ajouter des portions d’oléagineux (une poignée de noix ou d’amandes) dans vos salades et vos plats.
• Lire les étiquettes des produits transformés pour éviter les acides gras trans, qui sont nocifs pour la santé cardiovasculaire.
Autres points importants à surveiller
En plus des cinq erreurs énumérées ci-dessus, voici quelques points clés à prendre en compte lorsque vous adoptez un régime végétarien:
L’importance d’un bon équilibre en calcium
Le calcium est crucial pour la santé osseuse. Même si l’on peut trouver du calcium dans le fromage, le lait et certains produits laitiers, il est utile d’inclure d’autres sources végétales:
• Les légumes verts à feuilles (brocolis, chou kale, épinards, bok choy)
• Les amandes, les figues sèches
• Les boissons végétales enrichies en calcium
Maintenir un bon apport en zinc
Le zinc soutient l’immunité et la croissance cellulaire. Les sources végétales de zinc incluent:
• Les légumineuses (pois chiches, lentilles)
• Les graines (tournesol, courge)
• Les céréales complètes
Surveiller sa consommation d’iode
Si l’on tend à réduire la consommation de poisson (voire de produits de la mer), l’iode peut être moins présent dans l’alimentation. Pour éviter cette carence on peut:
• Utiliser du sel iodé (avec parcimonie pour ne pas augmenter la pression artérielle)
• Manger des algues (nori, wakame, kombu) et s’habituer à leur goût particulier
Les bonnes habitudes culinaires
• Planifier ses repas: faire un menu hebdomadaire vous évite de manquer d’idées et vous assure un apport nutritionnel plus complet.
• Consommer des fruits et légumes frais au fil des saisons: chaque période de l’année apporte son lot de produits colorés, riches en vitamines et savoureux.
• Porter une attention aux cuissons: trop cuire vos légumes peut diminuer leur teneur en vitamines (notamment la vitamine C). Préférez la cuisson à la vapeur douce ou au wok quand cela est possible.
Idées de repas équilibrés et gourmands
Varier son alimentation végétarienne est un vrai plaisir culinaire. Voici quelques exemples de repas équilibrés:
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Petit-déjeuner riche et énergétique:
• Porridge d’avoine aux fruits rouges, graines de chia et amandes effilées
• Thé ou café selon vos goûts
• Un verre de jus d’orange pressé pour la vitamine C -
Déjeuner protéiné:
• Salade composé de quinoa, pois chiches, concombre, tomates cerises, olives noires et feta si vous consommez des produits laitiers
• Sauce vinaigrette à base d’huile d’olive et d’un peu de jus de citron (pour aider l’absorption du fer)
• Un fruit de saison en dessert (pomme, poire ou kiwi) -
Collation saine:
• Quelques carrés de chocolat noir (minimum 70% de cacao)
• Une poignée de noix de cajou ou de noisettes
• Un thé vert ou une infusion pour accompagner -
Dîner complet et savoureux:
• Plat de lentilles corail au curry (cuites avec des oignons, de l’ail, des épices et du lait de coco)
• Riz complet ou pain complet pour accompagner
• Une portion de légumes verts (brocolis, courgettes ou épinards sautés rapidement)
• Un yaourt végétal avec des fruits rouges ou une compote non sucrée
Ces exemples démontrent à quel point il est simple d’organiser des repas raisonnés et équilibrés, en évitant d’avoir toujours besoin d’aliments ultra-transformés ou de plats tout prêts.
Déconstruire les idées reçues et persévérer
Il arrive que l’entourage mette en doute votre décision d’arrêter la viande. Les questions portant sur les protéines, la B12, le prétendu manque d’énergie ou encore des affirmations selon lesquelles le végétarisme serait trop contraignant sont inévitables. Il convient de ne pas vous laisser décourager et de rappeler, arguments à l’appui, que de nombreuses études scientifiques soulignent les bienfaits d’une alimentation riche en végétaux.
Quelques pistes pour répondre aux critiques courantes
• Les apports protéiques: le mythe de la carence en protéines est facilement déconstruit en soulignant que les légumineuses, le tofu, le tempeh, les oléagineux, etc. sont d’excellentes sources de protéines, et qu’il suffit de varier les sources pour couvrir ses besoins.
• Le coût de l’alimentation: certains considèrent qu’une alimentation végétarienne revient plus cher, mais en réalité, lorsqu’on mise sur les légumineuses, les céréales locales et de saison, mange moins de produits transformés, on peut souvent faire diminuer la facture.
• Le manque de variété: être végétarien n’est pas synonyme de plat unique. Énormément de cuisines du monde sont traditionnellement riches en plats à base de légumes. L’Inde, par exemple, est réputée pour ses nombreuses recettes végétariennes sans pour autant avoir un régime carencé.
Les bienfaits à long terme
L’alimentation centrée sur les végétaux apporte de multiples avantages. Elle contribue à réduire l’empreinte carbone, préserve le bien-être animal et favorise une meilleure santé grâce à une forte densité nutritionnelle (fibres, vitamines, minéraux, antioxydants). Par ailleurs, en choisissant vos aliments avec discernement, vous développez une forme de conscience alimentaire et un nouveau rapport à votre assiette. Vous devenez plus attentif aux produits que vous achetez, vous privilégiez la qualité à la quantité et vous apprenez à cuisiner avec plus de créativité.
Conclusion
Les cinq erreurs passées en revue révèlent à quel point il est essentiel de ne pas se lancer dans le végétarisme sans se préparer convenablement. Il ne s’agit pas de se priver, mais de rééquilibrer sa façon de manger. Supprimer la viande requiert de réviser en profondeur la composition de ses repas et de veiller aux besoins spécifiques du corps humain: protéines, fer, vitamine B12, zinc, oméga-3, etc.
Pour faire la transition sans difficulté, un mot d’ordre: la variété. Ne vous limitez pas à retirer la viande. Remplacez-la par des légumineuses, du tofu, du tempeh, des graines, des noix, tout en assurant un bon apport en fruits, légumes et céréales complètes. Jouez avec les épices pour de nouvelles saveurs passionnantes. Surveillez vos apports en vitamines et minéraux clés. N’hésitez pas à consulter un nutritionniste ou un diététicien si vous avez des doutes.
En fin de compte, devenir végétarien peut être une expérience enthousiasmante, enrichissante et savoureuse. En évitant ces cinq erreurs courantes et en faisant quelques ajustements, vous profiterez pleinement des bienfaits d’une alimentation plus respectueuse de l’environnement, des animaux et de votre santé. Bon appétit et bonne découverte culinaire!